1) La thèse de Paul (v.18)
« Le message de la croix est une folie pour ceux qui périssent, mais pour nous qui sommes sauvés, il est puissance de Dieu. »
Le débat lance tout de suite la question : « Qui sont ceux qui périssent ? »
Dans l’échange, deux groupes apparaissent comme chez Paul :
- Les Juifs qui n’acceptent pas Jésus comme Messie (ils attendent des signes),
- Les Grecs (les nations) marqués par la rhétorique et la philosophie (ils cherchent la sagesse).
Pour l’un comme pour l’autre, un Messie crucifié paraît impensable.
2) Pourquoi la croix semble « folle » ?
- Côté grec : la culture exalte l’éloquence, la réussite, le beau discours. Une exécution infamante ne cadre pas avec l’idée d’un Dieu puissant.
- Côté juif : la crucifixion évoque la malédiction (cf. Dt 21.23 repris en Ga 3.13 : « maudit quiconque est pendu au bois »). Comment le Messie béni de Dieu pourrait-il subir cela ?
Nous rappelons aussi la réalité historique : la crucifixion était la pire des morts, réservée aux esclaves et étrangers (un écho de Cicéron la qualifie d’infâme).
Conclusion : aux yeux du monde, Dieu ne peut pas “gagner” en perdant. Et pourtant, c’est exactement ce qu’il fait à la croix.
3) L’Ancien Testament en arrière-plan (v.19)
Paul cite Ésaïe 29.14 : Dieu détruit la sagesse des sages. Le contexte (rappelé dans l’échange) : Juda préfère ses plans politiques (l’alliance avec l’Égypte) à la confiance en Dieu. Paul applique : la croix n’est pas une option parmi d’autres philosophies ; elle renverse nos critères habituels.
Autres textes évoqués :
- Jean 6 (« mangez ma chair ») : beaucoup s’en vont — paradoxes qui heurtent la raison, mais vie pour ceux qui croient.
- 2 Co 13.4 : « il a été crucifié à cause de sa faiblesse, mais il vit par la puissance de Dieu » — la “faiblesse” perçue de Dieu surpasse la force humaine.
- Pr 9.10 : « Le commencement de la sagesse, c’est la crainte de l’Éternel » — la vraie sagesse n’est pas accumulation de savoirs mais relation et révérence.
- Jr 9 (cité par Paul v.31) : « Que celui qui se glorifie se glorifie dans le Seigneur. »
4) Dieu choisit à rebours (v.26-29)
Paul rappelle aux Corinthiens leur propre profil : peu de sages, de puissants, de nobles selon les critères humains. Dieu choisit ce qui est faible, méprisé, « sans importance » pour confondre ce qui paraît fort.
Nous y voyons :
- Un avertissement contre l’orgueil spirituel (même chez des leaders « influents »).
- Une espérance immense : l’accès à Dieu ne dépend ni du diplôme, ni du rang social — la grâce ouvre la porte à tous.
5) Le cœur du cœur (v.30-31)
« Par lui, vous êtes en Christ Jésus, qui est devenu pour nous
sagesse de la part de Dieu, justice, sanctification et rédemption… »
Autrement dit : Christ crucifié n’est pas seulement un message ; il est notre sagesse, notre justice et notre libération. Alors, si fierté il y a, qu’elle soit dans le Seigneur.
Applications concrètes
1- Garder les yeux fixés sur Dieu
La relation prime sur la théorie : lecture de la Parole et prière, pour ne pas se remplir d’autres pensées quand la relation se refroidit.
2 - Obéir plutôt que sur-intellectualiser
La croix montre une sagesse qui dépasse nos calculs. Plusieurs d’entre nous ont souligné : « Dans l’obéissance, il y a la bénédiction. » Certaines souffrances/complexités de vie viennent… de notre résistance simple à faire ce que Dieu dit.
3 - Assumer l’Évangile avec douceur et fierté
Être reconnaissants et paisiblement fiers d’appartenir à Dieu ; ne pas avoir honte de témoigner (exemples concrets au travail, dans l’ambulance, etc.).
Pratique : saisir les perches de conversation sans agressivité, mais sans s’excuser d’être chrétiens.
4 - Ne pas idolâtrer l’intelligence (ni la mépriser)
Études, compétences, carrières : bons dons à mettre au service de Dieu — mais ni gage de valeur, ni raccourci vers la vraie sagesse. La vraie intelligence commence par révérer Dieu (Pr 9.10).
5 - Recentrer notre “fierté”
Se réjouir de nos progrès, oui ; mais attribuer la gloire à Dieu : « Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? » (écho de 1 Co 4.7).
Astuce : après une réussite, prendre 30 secondes pour dire « Merci Seigneur » avant de passer à la suite.
6 - Prêcher (et nous prêcher) la croix
Paul : « Je n’ai pas voulu savoir autre chose que Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié. »
Dans nos églises, petits groupes, conversations : ramener au centre la croix plutôt que nos sensibilités ou tendances.
7 - Regard de grâce sur soi et sur les autres
Dieu choisit ce qui n’impressionne pas. Apprenons à voir le potentiel de grâce là où le monde ne voit rien — y compris en nous-mêmes.